Qu’y a-t-il VRAIMENT dans votre verre de vin ?

Les intrants sont-ils des intrus ?

Chère lectrice, chère lecteur,

Je ne sais pas vous, mais moi je n’ai pas spécialement envie de déguster un Roundup, domaine Monsanto, millésime 2018 !

La production de vin repose sur une tradition millénaire de culture de la vigne, enrichie par les enseignements scientifiques de l’œnologie.

Mais l’apparition des pesticides de synthèse il y a plus de 50 ans a changé la donne.

Voici les faits : 

Dans votre bouteille vous avez environ 80% d’eau, 15% d’alcool et 5% d’autres composants.

L’alcool est le résultat de la transformation par les levures du moût du raisin (sucre) en éthanol. Parfois de l’alcool est ajouté : on parle alors de vin muté.

Les 5% d’autres composants sont, pour faire simple, des acides, des acides aminés, des esters, des minéraux, des phénols, du sucre, du glycérol et des sulfites.

Ces derniers, aussi appelés dioxyde de soufre (SO2), sont produits naturellement par les levures au cours du processus de fermentation alcoolique. Mais ils sont également souvent ajoutés lors de la vinification pour leur rôle de conservateur et d’antioxydant.

Plus votre vin est  « nature », moins il contient de sulfites.

C’est la réglementation qui le prévoit. Les seuls de sulfites doivent être :

  • Inférieurs à 160 mg/L pour les vins conventionnels (rouges et blanc). 
  • En dessous de 100 mg/L pour les vins bio rouges, et 150 mg/L pour les blancs.
  • Inférieurs à 70 mg/L pour les vins biodynamiques rouges et 90 mg/L pour les blancs. 
  • Inférieurs à 30 mg/L pour les vins naturels rouges et 40 mg/L pour les blancs.

Et s‘il vous arrive d’avoir mal au crâne après avoir consommé du vin, malheureusement ça vient bien souvent de ces sulfites.

Donc moins ils sont présents, mieux c’est pour votre santé !

Vous avez maintenant la structure générale du breuvage. Maintenant il faut comprendre ce qui est utilisé pour faire pousser et protéger la vigne….

… Et que l’on peut retrouver aussi dans sa composition :

En France, la vigne représente 3,7% de la surface agricole mais elle utilise 20% des pesticides utilisés à des fins de culture.

C’est 6 fois plus que ce qu’elle devrait utiliser ! (sans considérer le fait que le reste de l’agriculture en utilise déjà trop !)

Il y a sûrement des raisons à cela, comme le fait qu’il n’y a pas d’obligation d’inscrire la composition exacte sur l’étiquette. C’est le seul produit alimentaire qui n’a pas cette contrainte.

Pourquoi me direz-vous ?

Et bien tout simplement parce que le vin, juridiquement, n’est pas un produit alimentaire comme le rappelle l’avocat Eric Morain dans son ouvrage « Plaidoyer pour le vin naturel ». 

Et cela permet bon nombre de dérives !

Une autre explication est que la vigne est extrêmement sensible aux aléas climatiques ainsi qu’aux attaques cryptogamiques, ces champignons et autres parasites tueurs de plantes. Les vignerons cherchent à s’en protéger, et nous pouvons bien sûr les comprendre.

Mais au fil de mes rencontres et recherches j’ai découvert que bon nombre d’acteurs cherchent et trouvent des solutions alternatives beaucoup plus respectueuses de l’environnement, et de notre santé.

Je parle bien évidemment de santé ici car de nombreux résidus de pesticides se retrouvent dans nos verres lorsque nous buvons certains vins conventionnels.

Et au-delà même des risques pour notre santé, ces pesticides ont un goût qui dénature le vin. 

Entre corrections et corruption du vin, la frontière est bien mince !

Dans leur livre Le goût des pesticides dans les vins, le Chef Jérôme Douzelet et le biologiste moléculaire Gilles-Eric Seralini insistent sur le fait que les résidus qu’on peut retrouver dans certains vins conventionnels (certains car il ne faut tout de même pas mettre tout le monde dans le même panier !) ont un véritable goût, qui altère celui du vin. 

La preuve en est, ils ont réalisé une expérience qui en dit long !

Le biologiste a dilué de faibles doses de pesticides dans de l’eau et a présenté 5 verres au chef cuisinier. Seuls certains de ces verres contenaient des pesticides. Après les avoir goûtés il n’a fallu que quelques instants à Jérôme Douzelet pour écarter les verres pollués.

Nous pourrions considérer que ce chef a un palais hors du commun – sûrement d’ailleurs – mais ils ont étendu cette expérience hors norme en réalisant 195 tests avec 71 spécialistes. 

Vous devinez le résultat ?

86% ont reconnu les goûts qui avaient été décrits par Jérôme Douzelet !

Il est certain qu’aujourd’hui aucune solution miraculeuse et naturelle n’existe pour protéger et favoriser la culture de la vigne. Même la bouillie bordelaise est controversée et les vignerons bio doivent trouver des alternatives à l’utilisation du cuivre. 

C’est un véritable casse-tête, dans un domaine où la maladie des plantes coûte cher, très cher. J’y reviendrai dans une prochaine lettre.

Une chose est sûre, les pesticides ne sont pas la solution : ils ont mauvais goût, altèrent les sols et détruisent notre santé.

Et ce n’est pas parce que dans les couloirs de Bruxelles les grandes firmes de produits phytosanitaires ont fait du lobbying pour supprimer le cuivre de la liste des produits de traitement de la vigne que le poison devient la panacée !

De nombreux acteurs cherchent et trouvent des pistes prometteuses pour l’avenir des sols et des vignes. J’en ai rencontré certains et je suis donc optimiste pour l’avenir ! 

Outre ces intrants que je viens de dépeindre dans un tableau un peu sombre, voici une liste non exhaustive des intrants autorisés, par type de vin. 

Prenez vos lunettes, voire vos loupes !

NB : Demeter : vin biodynamique

Ce schéma, que vous pourrez lire avec plus de clarté sur ce site, également en version texte), n’est pas très lisible. 

Alors pourquoi l’avoir mis ?

Hé bien justement, pour vous montrer à quel point la liste des intrants autorisés est importante, surtout dans les vins conventionnels !

Et, bien évidemment, ils ont une incidence sur le contenu de nos verres !

L’utilisation excessive de ces intrants vise parfois à standardiser, normer, le goût de ces vins. 

Et c’est une hérésie ! Si on veut acheter une boisson qui a toujours le même goût, les rayons soda des supermarchés en regorgent !

Non, le vin c’est la somme d’un terroir, d’une sensibilité et d’une méthode de vinification.  

Bien sûr tous les producteurs de vins conventionnels n’utilisent pas des pesticides néfastes pour notre santé et nos papilles. Ni tous ces intrants à la fois.

Il m’arrive d’en boire lorsqu’ils m’ont été conseillés pour le sérieux et le respect de leur production, et je peux y trouver du plaisir !

Mais il est certain que les vins bio, biodynamiques et naturels ont un cahier des charges strict qui est gage d’authenticité, d’odeur, de goût. Et aussi d’un respect de la nature qu’on souhaite voir s’épanouir pour mieux se renouveler.

C’est d’ailleurs cette vie que nous ressentons dès que nous commençons à les déguster…

A votre santé !

Mathieu Vanel

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

Sources :

Plaidoyer pour le vin naturel, Editions Nouriturfu, 2019

Le goût des pesticides dans les vins, Editions Actes Sud

http://www.alarencontredesvinsnaturels.fr / http://www.vignevin.com/pratiques-oeno/ 

https://www.vinsnaturels.fr/005_liens/les-intrants-dans-le-vin.php

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23 commentaires

Jean HERMABESSIERE 10/04/2022 - 09:41

Belle analyse.
Je remarque spécialement les précisions sur les sulfites qui gâchent complètement le plaisir qu’on aurait à boire des petits vins ( il y avait autrefois des vins de soif qui étaient à boire très jeunes et n’avaient pas besoin d’autant de chimie ).
J’ai même lu que les vins bio avaient un goût modifié…alors que c’est le contraire .Certes les « grands vins » ont la possibilité d’être élevés différemment mais : RETROUVONS LE GOÛT DES PETITS VINS sans s’empoisonner.

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Dominique Blanquart 08/04/2022 - 10:55

Dans votre étude sur les vins bio, vous y inserez la Romanée Conti comme vin bio depuis longtemps. Désolé, mais vu le prix de la bouteille, ils peuvent au moins faire du vin bio, heureusement!

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Marc Guegan 08/11/2021 - 09:47

Et pourquoi ne pas indiquer sur l étiquette le % de sulfites contenus au même titre que le degré alcool.Il est temps que le vin soit choisi comme les composants sont indiqués sur les produits alimentaires qui font la base des repas .,

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Canonix 06/10/2021 - 11:26

Bonjour,
Fils de Bordelaise, je suis horriblement nul en ce qui concerne les vins. Cependant vos articles m’ont vivement intéressé car j’y apprend beaucoup de choses. Je pense qu’il serait très intéressant, pour les nuls comme moi, d’avoir une petite liste de vins, rouges, blancs, ou autres qu’il serait préférable d’acheter afin de ne pas se faire avoir (et aussi de ne pas avoir mal au crâne).
Quels sont les étiquettes qui permettent de discerner les menteurs et les vrais bio et ‘naturels’ ?
Merci.

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maurice Monard 10/10/2021 - 18:26

Bon soir et merci pour ces informations très intéressantes.. Pouvez vous nous parler des VINS ROSES….?
Merci d’avance de vos commentaires..

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DELERAY 05/10/2021 - 15:48

Très intéressant j ai été bien informé. Frustré, car je m aperçois qu’on peut recevoir les colis partout dans le monde, sauf dans un département d outre-mer, précisément la Guadeloupe où j habite. La commande et surtout le paiement ne sont pas programmables ?????

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Mathieu Vanel 07/10/2021 - 21:32

Bonjour, malheureusement les frais de port pour la Guadeloupe seraient assez élevés. Pour le moment nous ne livrons qu’en France, en Belgique, en Allemagne et au Luxembourg. Si nous étendons nos zones de livraison nous vous en informerons! Bien à vous

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roger boutinaud 06/09/2021 - 19:15

Depuis des décennies le peu de vin que je bois c’est toujours SANS SULFITES AJOUTES ce qui m’évite d’avoir mal à la tête, Lorsque je bois du vin au restaurant, je prends toujours une ou deux gélule de charbon de bois activé ce qui permet d’absorber les sulfites (E220).
D’autre part l’appellation VIN NATUREL ne me convient pas. Tout ce qui est naturel est produit par la nature. Le vin, à ma connaissance et jusqu’à preuve du contraire est produit par l’homme !!

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Gitton 08/06/2021 - 16:28

Lire cet article, est clairement bon pour boire du bon vin… et garder la santé…. Très instructif. Merci

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Job Larigou 07/06/2021 - 10:22

il me semble que la viticulture est une monoculture et donc soumise à tous les problèmes qui en découlent…
On ne peut évidement pas pratiquer l’assolement ou une jachère totale, mais on peut respecter les sols et pratiquer les techniques de culture associée. Elles existent déjà et sont en cours d’expérimentation.

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roger boutinaud 06/09/2021 - 19:20

La viticulture n’est pas une monoculture contrairement aux apparences. On s’est aperçu après analyses que les herbes qui poussent dans les vignobles changent chaque année et sont de plus très variées. Ces herbes enrichissent les pieds de vigne à condition de ne pas y déverser des pesticides !!!!

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Baudry 06/06/2021 - 08:30

Non aux pesticides dans le vin bien sûr, mais pas non plus d irrigation des vigne, on ne puise pas dans les milieux naturel la fragile ressource en eau pour fabrique du vin !!

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Galix 03/05/2022 - 10:34

Que serais le vin sans l’eau ?

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Alexanian 02/06/2021 - 21:53

Bonjour,
Il y a eu un très bon reportage (« Vino business ») il y a déjà quelques années sur les milieux du vin et la fabrication : je l’ai retrouvé sur youtube à cette adresse. https://www.youtube.com/watch?v=LbPaCEGt02s
Pour tout ce qui concerne les intrants, regarder à partir de 1h06. Essayer d’en parler autour de vous : la plupart des gens n’y croient pas, persuadés que le bien c’est que du naturel ! Le sang de la terre !
Bon visionnage.
Guy
B

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BRUAN 31/05/2021 - 12:07

Bonjour je viens de lire vos articles sur les produits ajoutés. Je vais vous livrer mon expérience je suis amateur de bons vins. Il y a deux ans les médecins m’ont découvert un Myélome pour ceux qui ne savent pas c’est un cancer de la moelle osseuse. La première question que m ont pose les oncologues avez vous vécu au milieu des vignes? Votre cancer est un cancer environnemental !!!! .Malheureusement nous venons de perdre une amie champenoise qui vivait au milieu de vignobles son frère a une maladie de Parkinson et à chaque fois les oncologues sont formel. Problème environnemental. Donc cessons de boire des infusions de pesticides et préférons les vins bio de manière à encourager les nouvelles générations de viticulteur.

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dvm128 28/05/2021 - 13:07

Est-ce qu’on y arrivera ? Dans cette société, il y a tellement de choses a changer . . .Nous sommes dans une GLUE tellement collante que c’est un système tellement dense qu’il va falloir compter sur un groupement solide pour faire le tri dans tout les domaines. C’est un vieux Con qui vous parle. . .Il ne faut pas lâcher le manche avant la cognée.

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Erhard 26/05/2021 - 20:10

Il serait « SAIN » de publier la liste des tueurs à petit feu
Le profit va-t-il encore longtemps dominer le bon sens ?
Faudra t-il combien de morts empoisonnés avant que nos responsables sanitaires et politiques
Prennent des décisions saines et utiles ?
Francis

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thierry heuillet 24/05/2021 - 09:41

Bonjour,

Un exposé qui alerte et qui fait peur pour les buveur de vin régulier. Je tente de boire des vins BIO, il serait génial de référencer les vins les moins toxique. Si vous avez des listes je suis preneur.

Je pense que si le consommateur savait, il boycotterai les mauvais produits.

C’est du bon travail et surtout continué.

Cordialement,

Thierry

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Darquise 23/05/2021 - 05:39

Il y à plusieurs années que je prends des vins Biologiques naturels et aucun maux de tête. La différence est exceptionnelle 🥰

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Karine 22/05/2021 - 20:16

Bonjour,
Vos articles sont très intéressants pourquoi ne les partagez-vous pas sur les réseaux types sur FB
https://www.facebook.com/groups/1916861715206460/?ref=share

Ou autres ?
Merci de vos riches éclairages

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GAUTREAU 22/05/2021 - 10:42

Je pense que dans ce domaine, comme dans d’autres concernant l’alimentation, le consommateur peu influencer en ne consommant que du vin bio. Nous en trouvons dans toutes les appellations.

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Labeviere 22/05/2021 - 05:17

Merci Mathieu!
Je savais que les poisons étaient partout… mais la cela frise l’escroquerie!
Ou plutôt l’escroquerie est manifeste.
Tout comme celle de l’alibi 19, du Hold-up 20-21…
Mais c’est une étape semble-t-il nécessaire au réveil des moutons.
Bon-jour.

Arnaud

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d'Auriac 21/05/2021 - 21:16

Merci de votre article d’une importance capitale. J’aurais aimé le lire bien avant car j’ai mis un grand nombre d’années à comprendre que l’alcool n’était pas à l’origine des mots de tête, mais bien les sulfites. Désormais je ne bois pratiquement plus de vins blancs et je constate que certains vins rouges me font mal à la tête et d’autres non. Mais .ne disposant d’aucune information sur la teneur des vins je n’en bois pratiquement plus .
Il est infiniment dommage que les viticulteurs n’aient pas compris l’intérêt de produire des vins sains pour la santé de leurs clients. Cacher la teneur en sulfite, c’est mentir et mentir c’est tromper. Et je constate que certains vins étrangers de deux pays proches font moins mal à la tête que les vins français.
J’en appelle au réveil et à un sursaut d’éthique des viticulteurs pour qu’ils comprennent qu’en forçant les doses des tous ces produits nocifs, non seulement ils compromettent la santé de leurs amateurs mais encore ils courent à leur propre ruine.

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