Chers lecteurs,
Reconnaissez-vous cette femme en train d’escalader cette paroi abrupte, avec souplesse et détermination ?

Et sauriez-vous deviner son âge ?
Vous l’avez ? Je dois vous avouer que j’étais très loin du compte !
Il s’agit de Lalou Bize-Leroy, qui avait alors 87 ans !

Ce nom ne vous dit peut-être rien mais cette grande dame a révolutionné le vin en France, et dans le monde.
Co-gérante de la Romanée-Conti pendant près de 20 ans, elle est aussi et surtout propriétaire du domaine Leroy qui possède 9 grands-crus et 8 premiers crus, dont Corton-Charlemagne, Romanée-Saint-Vivant, Musigny, Chambertin, pour ne citer qu’eux.
Dégustatrice hors-pair, elle aime le vin pour l’émotion qu’il procure et l’histoire qu’il raconte.
Avec elle, pas de jargon incompréhensible, ni de snobisme.
Elle n’aime pas parler de son vin. Elle dit avec aplomb « Quand on est à un concert, on écoute la musique, on ne la commente pas ! ».
Elle a deux passions qui l’ont accompagnée toute sa vie : le vin et l’alpinisme.
Dans son métier de viticultrice comme en montagne, elle vise les sommets.
Produire du vin, c’est pour elle une philosophie de vie, une quête infinie de qualité, de saveurs subtiles, mais toujours dans le respect du vivant.
La seule compétence du bon viticulteur, c’est de savoir accompagner la nature, dit-elle modestement.
Elle pressent très tôt qu’au-delà de techniques à acquérir, c’est la compréhension d’un écosystème qui permet de faire de grands vins.
Et c’est une rencontre dans les années 80, celle de Nicolas Joly, propriétaire de la Coulée de Serrant, qui confortera son intuition de toujours.
Elle est séduite par sa recherche de la « vérité du goût », et, sans le comprendre tout de suite, deviendra l’une des pionnières de la biodynamie en France.
A partir de 1988 elle n’utilisera plus aucun produit se terminant en « cide ». Herbicides, pesticides, insecticides… : ils riment avec homicide, et ce n’est pas pour rien, ce sont des « produits qui tuent » !
Pythagore disait il y a 2600 ans : tant que les hommes ne respecteront pas les animaux et les règnes inférieurs ils ne connaitront ni la joie ni l’amour.
C’est exactement ce qu’elle cherche à offrir à ceux qui goûtent ses vins.
Mais lorsqu’on l’interroge sur ce qu’est la biodynamie, elle répond simplement : …
« La biodynamie, ce n’est que du bon sens »
Devenue cheffe de file en Bourgogne de la biodynamie malgré elle, elle n’a qu’une idée en tête : chouchouter les plantes et les sols pour produire l’excellence du vin.
Elle accepte de baisser ses rendements pour concentrer l’énergie dans chaque pied de vigne.
Elle découvre avec bonheur que la nature revit dès les premiers mois de changement de culture. Ses raisins sont plus gourmands. Les feuilles retrouvent leur belle teinte verte.
Il faut comprendre que la biodynamie c’est une philosophie, un mode de vie. C’est vouloir remettre la biodiversité au centre de l’échiquier.
Accepter de s’adapter aux exigences de la nature. En respecter le cycle, pour mieux l’accompagner dans sa croissance et son épanouissement.
C’est laisser respirer le sol, parfois même en acceptant de mettre certaines parcelles en jachère. C’est le nourrir aussi, pour qu’une communauté microbienne transforme la matière organique en matière minérale, que la vigne va capter.
Mais le vigneron ne peut pas le faire comme il le désire. Par exemple il doit suivre le calendrier lunaire, comme l’a défini Rudolf Steiner.
Cet Autrichien a créé le concept technique de la biodynamie au début du 20e siècle, mais il ne s’est pas arrêté là.
Il a aussi créé un monde ésotérique dans lequel tous les producteurs ne se retrouvent pas.
Mais ils sont en phase avec la finalité de ce mode de culture.
Quelle que soit leur motivation, ces vignerons sont engagés pour produire durablement le meilleur vin.
La biodynamie est un véritable mouvement en marche.
Ne traiter les sols qu’avec des préparations naturelles qui nourrissent la terre, les racines, les tiges, les feuilles et les fruits.
Par exemple Lalou Bize-Leroy traite ses plantes avec des plantes : chaque semaine elle prépare 1 tisane et 1 décoction qu’elle donne amoureusement à ses vignes.
Être biodynamiste c’est aussi accepter de n’utiliser que peu de cuivre, avec une limite de 3kg par hectare. Et mettre moins d’additifs, en particulier de sulfites, avec pour limite 70mg/l pour les vins rouges (contre 100mg/l pour le bio et 150mg/l pour le conventionnel).
Certes, cela demande un engagement total pour les vignerons qui doivent être à l’écoute de tout l’écosystème et se tenir prêts à réagir immédiatement.
Mais leur satisfaction est totale lorsqu’ils constatent que la nature revit grâce à leurs soins !
Et encore plus lorsqu’ils découvrent que leurs vins gagnent en qualité, en finesse et en profondeur.
Ce n’est pas un hasard si les plus grands vins du monde passent à la biodynamie !
Je vous en parlais plus haut, c’est le cas du domaine Leroy en Bourgogne.
La Romanée-Conti a également adopté la biodynamie en 2007, suivi par le château de Pommard plus récemment en 2018.
La région bordelaise a quant à elle quelques grands crus qui se sont convertis à la biodynamie, comme le Château Pontet Canet à Pauillac, ou encore le Château Palmer en AOC Margaux.
Et plus au sud, Château d’Yquem sera labellisé bio à partir du millésime 2022. Et sur ses 100 hectares de vigne, 20 sont aussi cultivés en biodynamie.
Vous conviendrez que ces grands noms ne peuvent avoir choisi ce mode de culture par hasard !
Restez attentifs, dans ma prochaine lettre je vous en dirai plus sur les techniques fascinantes de la biodynamie, et sur les résultats objectifs de ce mode de culture.
À votre santé ! Mathieu Vanel
14 commentaires
Président d’un club de gourmets, nous privilégions depuis bien longtemps la biodynamie. OK, mais le même discours en deux à trois pages maximum ! S’il vous plaît.
C’est très bien de faire de ce « boisson sacré » quelque chose de « digne » après des années où on vendait même du vin fabriqué avec de la poudre chimique, donc sans une goutte de jus de raisin! Mon époux ne supporte pas le sulfite qui se trouve dans le vin.. Nous cherchons dans les vins « bio », mais ne trouvons pas la qualité à la hauteur. Etant des retraités avec des revenus limités, nous n’avons pas un budget à la hauteur des vins recommandés en haut (mais les prix n’ont pas été indiqués?) Pourriez-vous « trouver » des vins à des prix accessibles à des amateurs comme nous?
C’est très intéressant, mais il faudrait donner à connaître vos tarifs
Cordialement.
Paco
Ah ! la coulée de Sérant !!!! j’ai encore une bouteille de 1969 !
Bonjour,
Merci pour ces belles informations.
Et sans vouloir faire de pub, plus au sud vous avez aussi, entre autres, au milieu du silence, le domaine de Costeplane.
Kenavo.
C’était Joachim de Nantes
Merci pour votre bon sens.
Je suis naturopathe et adepte du respect du vivant. L air l eau la Terre les Arbres et les plantes et tous les êtres vivants.
J ai juste une question pour vous.
Je consomme du vin en biodynamie d un de mes patients.
Mais un médecin a découvert que le vin en biodynamie apportait des levures dans l intestin et s y développait apportant des troubles liés à leur micellium .
Qu en pensez vous ?
Je n ai pas trouvé d études dans ce sens.
Bien cordialement
Ce serait bien si vous pouviez aussi parler des » petits » vignobles bordelais qui sont en biodynamie, parfois depuis longtemps . Ils sont des pionniers qu’il faut encourager . Personnellement je n’achète que ces vins .
Ma fille travaille chez Roderer, le champagne des ambassades. 1/3 de la production l’est en biodynamie et c’est un vrai régal, un champagne incomparable pour moi qui suis d’origine champenoise. Gardois d’adoption j’ai découvert près d’Ales le vin de Louis Julian 35 ans de biodynamie, moi qui ne supporte pas les sulfites. Puisse cette technique se transmettre largement car elle préserve la santé des sols grâce à la biodiversité : des plantes jusqu’aux micro organismes et les mycorhyses
QUEL BEL EXEMPLE DE VIE, LA NATURE EST LE MEILLEUR PROFESSEUR POUR L’ HOMME, ARTICLE IMPORTANT POUR PRENDRE CONSCIENCE QUE L’AVENIR DOiT ÊTRE L’AGRICULTURE ÉNERGÉTIQUE SAINE ET BÉNÉFIQUE À LA SANTÉ.
Bonjour, Merci de m’avoir envoyé votre lettre que j’ai lue avec attention, ainsi que la suivante qui m’a captivée tout autan.. C’est fabuleux, j’attends la suite. J’ai 74 ans, je ne grimpe pas le long des falaises mais je jardine et je compte bien appliquer vos conseils pour mon jardin que je laisse vivre au naturel le plus possible, refuge des oiseaux, des écureuils et des hérissons. A la lecture de vos lettres j’ai de suite pensé à mon cher papa qui avait une jolie cave garnie de plusieurs de ces bons vins que vous citez, il aurait aimé vous lire aussi. Marie-Odile
Ce soir j ai decouvert votre info sur les vins en Biodynamie…je n en revient pas de la peche qu elle a cette femme qui escalade les rochers….ça me conforte pour l avenir…mon pére a commencer sa plantation de vigne bio en 1961 …et ses premieres bouteilles en 1964 ç etait un avant gardiste qui a fait un tres beau travail au Congo Belge dans l agriculture paysanne avec les noirs…Grace à son travail La population s est nourrie de leur travail…quand on a compris ça on a tout compris…Donc je suis né labas et j ai repris le domaine de mon pére en 1988 pour travailler comme lui…et mon fils avec 2 copains ont debuter la biodynamie en 2003…les client avertis adorent notre vin et connaissent la difference 1er prix 14 e la ble de 0,75cl…merci
Merci pour votre article. Je ne suis que consommateur et le jour où j’ai découvert le vin bio dynamique, c’était en Alsace , il y a maintenant plus de 40 ans , j’ai découvert un vin qui, comme un médicament, faisait du bien.
Sans brulure d’estomac, sans maux de tête, tout en saveur
Bref un vrai régal même.
Soigner les vignes comme on soigne les hommes , voilà l’idée de visionnaire de Steiner.
Vive les femmes!!!!!!!
Je suis sûr que si elle escalade aussi bien,c’est grâce à son vin non ??